Quelques mots
sur moi

Une des questions que l’on se pose, quand on envisage d’aller voir un.e psy, c’est souvent : « Sur qui vais-je tomber ? ». Et dès lors qu’il s’agit d’un.e psy, la réponse à cette question ne repose pas sur nos catégories habituelles.

Selon moi, le travail d’un.e psy consiste précisément à se départir de sa perspective personnelle, inévitablement située (en termes de genre, couleur de peau, âge, morphologie, (in)validité, classe sociale, orientation sexuelle, expériences et choix de vie…), afin de pouvoir adopter celle de l’autre. Il s’agit d’entendre l’autre depuis le lieu d’où elle/il/iel parle, d’envisager sa perspective et son expérience telles qu’elles sont vécues, depuis ce lieu-même : autrement dit, de percevoir et de comprendre le monde depuis les chaussures de l’autre. Changer de chaussures, voilà en quelque sorte ce qui m’occupe avec passion à longueur de journée !

Ce changement va de pair avec la création
d’un espace où l’ouverture est radicale, la 

bienveillance, absolue, et l’estime, inconditionnelle.

Avec un.e psy, la confiance ne supporte aucun doute. On doit se sentir complètement libre de parler de tout (y compris, si on le souhaite, et comme on le souhaite, de sexualité, quelle qu’elle soit). Et libre de tout dire, à propos de soi en particulier. On doit se sentir dans une sécurité totale, de celle qui nous fait éprouver que le dévoilement d’un sentiment de vulnérabilité, d’où qu’il provienne, ne sera jamais ressenti comme un obstacle ou un problème.

Pour cela, on doit se sentir pleinement entendu.e et compris.e – pas seulement écouté.e ! Si la thérapie nous change, c’est avant tout par cette expérience (assez rare dans la vie, aussi bien entouré.e que l’on soit) que ce que l’on exprime de son vécu est systématiquement considéré, et tenu comme légitime, par l’autre.

Dans cet espace où se déroule la conversation clinique, il me tient très à cœur de ne rien vouloir à la place de l’autre, et, au contraire, d’aider chacun.e à trouver ce qu’elle/il/iel veut, et comment le poursuivre, à sa manière singulière, dans le contexte qui est le sien. Je vois la thérapie comme une démarche littéralement « écologique » !

Dans cet intérêt à la fois authentique pour l’autre, et complètement désintéressé, car dénué d’attentes de ma part, se trouve l’une des places où je me sens le plus profondément vivante.

Le reste du temps, ma vitalité se nourrit pour beaucoup de tous les autres modes, directs ou indirects, de rencontre et de relations aux autres. Qu’il s’agisse de les rencontrer « en vrai », ou au travers de leurs œuvres (littéraires, artistiques, artisanales…), je ne pourrais pas vivre en me privant de ce que les autres ont à m’apprendre de leur relation au monde et à eux-mêmes.

À la question : 

Qu’emporteriez-vous sur une île déserte ?

je répondrais : Des gens !

Ou, à défaut, les livres des auteur.ice.s qui me sont comme des sœurs et des frères…Et mes podcasts, ma radio, ma musique préférés. Et puis les objets qui me rappellent les gens que j’aime. Et bien sûr, du café, du vin blanc, des fromages (le tout, italiens, de préférence), et du pain. Ah, et ma cigarette électronique aussi !

Enfin bref, ce serait un déménagement sans nom !

…Cette histoire d’île déserte, ce n’est pas moi du tout !